En ligne1 vous trouverez les dernières informations mises à jour et un rapport de EBP2 très intéressant.
2 https://www.ebp.ch/en/topics/environment
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Le phosphore est un élément indispensable à la fois à la vie humaine et à l’agriculture. C’est un élément clé de l’ADN, des cellules et des os, ainsi qu’un nutriment essentiel à la croissance des plantes, raison pour laquelle il est utilisé intensivement comme engrais dans l’agriculture. Malgré son importance, le phosphore est souvent perdu dans la gestion des déchets, notamment en raison de l’élimination des boues d’épuration et d’autres résidus riches en phosphore provenant des stations d’épuration et des usines de recyclage. Compte tenu de l’épuisement des réserves mondiales de phosphore et des problèmes d’environnement et d’importation qui en découlent, la nécessité d’une gestion durable du phosphore est de plus en plus évidente.
Le phosphore est principalement exploité sous forme de phosphates, que l’on trouve principalement dans les dépôts marins sédimentaires et, dans une moindre mesure, dans les roches magmatiques. La répartition de ces gisements de phosphates est géographiquement inégale, avec une concentration dans quelques pays, ce qui entraîne une dépendance géopolitique. Pour la Suisse en particulier, qui a des valeurs limites strictes pour les métaux lourds dans les engrais, la dépendance vis-à-vis des importations de phosphore, surtout en provenance de pays dont les gisements de phosphate contiennent peu de cadmium, est un sujet important. Le conflit en Ukraine a encore renforcé l’importance de l’indépendance en matière d’approvisionnement en phosphore.
En Suisse, l’épandage direct de boues d’épuration contenant du phosphore sur les surfaces agricoles est interdit depuis 2006, ce qui a entraîné une interruption du cycle du phosphore. Les besoins en phosphore, notamment pour les engrais, sont actuellement couverts par des importations. La quantité annuelle nette de phosphore importé s’élève à 14 600 tonnes, ce qui illustre la dépendance du pays vis-à-vis des sources étrangères.
Afin de préserver les ressources naturelles et de réduire la dépendance aux importations, la Suisse a pris des mesures pour boucler le cycle du phosphore par le recyclage. À partir de 2026, le phosphore des eaux usées, des boues d’épuration ou de leurs cendres devra être récupéré et valorisé sous forme de matière. Cela permettra non seulement de réduire la dépendance aux engrais minéraux problématiques, mais contribuera également à préserver les réserves primaires de phosphate et à boucler un important cycle de matières.
Le cadre légal de la récupération du phosphore en Suisse comprend la loi fédérale sur la protection de l’environnement (LPE), la loi sur la protection des eaux (LEaux) et l’ordonnance sur le traitement des déchets (OTD), qui forment ensemble la base d’une obligation de récupérer le phosphore de certains flux de déchets. La récupération doit se faire selon l’état de la technique et l’objectif est de récupérer à long terme au moins autant de phosphore que ce qui est actuellement importé.
Le recyclage du phosphore présente des avantages à la fois écologiques et économiques. En fermant le cycle des matières, il est possible d’utiliser efficacement les matières premières et de préserver les ressources naturelles. La mise en œuvre du recyclage du phosphore est un pas décisif vers une utilisation plus durable de cet élément essentiel et vers une plus grande indépendance vis-à-vis des sources de phosphore incertaines et polluantes.
En avril 2019 EBP a soumis à l’OFEV un rapport qui évaluent des technologies pour la Suisse (aujourd’hui le rapport est disponible avec des compléments ponctuels de l’année 2021).
La présente étude traite de la thématique orientée vers l’avenir de la récupération du phosphore (P) à partir des boues d’épuration et des farines animales et osseuses en Suisse. Son objectif est de proposer une évaluation de différentes technologies de récupération du P, basée sur les développements et les connaissances les plus récents.
L’étude identifie et évalue différentes technologies de récupération du P qui semblent appropriées pour une utilisation en Suisse. Les processus de sélection sont basés sur la maturité technologique, la performance écologique et la réalisation de projets pilotes en Suisse. Par rapport à une étude précédente, seules neuf technologies ont été retenues, contre 20 dans la sélection précédente. Cette réduction reflète une concentration sur des technologies plus efficaces et plus réalisables. Les procédés qui cristallisent directement à partir de la phase aqueuse ont notamment été exclus, en raison de leur taux de récupération limité et de la nécessité d’une élimination biologique du P. Les procédés thermochimiques à partir des cendres de la monocombustion ont également été exclus.
Technologies sélectionnées et leurs caractéristiques:
L’étude met en évidence différentes approches pour la récupération du P, notamment :
- Digestion acide et cristallisation : des technologies telles que le procédé ExtraPhos, qui traite les boues d’épuration par digestion acide, mais qui est limité dans la pratique en raison de préoccupations écologiques et économiques.
- Digestion thermochimique des boues d’épuration : des procédés comme EuPhoRe et Pyrophos, qui utilisent la monocombustion des boues d’épuration pour récupérer le phosphore, la complexité technique et les exigences en matière d’appauvrissement en métaux lourds constituant des défis à relever.
- Extraction chimique par voie humide à partir de cendres : Cette approche comprend des technologies telles que CleanMAP, EcoPhos, Phos4Life, REALphos et TetraPhos, qui extraient le phosphore des cendres des boues d’épuration incinérées. Elles offrent différents avantages en termes d’efficacité, de qualité du produit et de durabilité environnementale.
Conclusions et recommandations du rapport de EBP
Il apparaît clairement que le choix de la technologie appropriée dépend fortement des conditions locales, telles que la disponibilité des déchets, les conditions infrastructurelles et les priorités écologiques. L’étude souligne l’importance du développement continu et de l’adaptation des technologies aux besoins et aux conditions spécifiques de la Suisse, afin de garantir une récupération du phosphore efficace, durable et économiquement justifiable.
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On parle du rapport de 2023 la prochaine fois ? Groupe de travail SwissPhosphor sur le financement, 2023 / Mise en œuvre technique de l’obligation de récupération du phosphore en Suisse / Rapport technique selon l’état de développement fin juin 2023